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Chapitre 1 - Histoire - Bienvenue à Whiskerton

Il était une fois, dans des terres très éloignées (quoique plus proche que ce que l’on pourrait penser), se trouvait le petit village de Whiskerton. Malgré sa petite taille, le village n’avait rien d’ordinaire. Non seulement habritait-il une clique de chats curieux, Whiskerton fonctionnait selon les lois de la physique quantique.

C’est la raison pour laquelle ses résidents félins l’adoraient autant. Qui ne voudrait pas vivre à un endroit où des plumes apparaissent et disparaissent spontanément ? Ou à un endroit où des billes pouvaient être rouges et bleus au même instant ? Ou encore où l’on ne pouvait pas prévoir avec certitude le lieu où une souris en feutrine allait retomber si on la lançait dans les airs; mais seulement où elle pourrait probablement mais pas tout à fait atterrir ?

Whiskerton était un village où les probabilités régnaient, au tout contraire de son village voisin, Patteville. Patteville, avec sa fière populace canine, où chaque résultat était facilement prédit avec certitude. Les chiens étaient ravis que rien d’extraordinaire n’arrivât jamais ici. Les chats, quant à eux, détestaient ce village pour cette même raison.

Non, Whiskerton était le lieu où ils appartenaient, avec ses impossibilités, ses improbabilités et ses contres intuitivités. Oh ! Ainsi que les biscuits au thon, bien entendu.

Au coeur de Whiskerton se trouvait la place du village, où l’on pouvait croiser une remarquable statue féline faite de cuivre, de laiton et d’or. Alors qu’elle était positionnée sous le Grand Arbre à Gratter — un chêne considérablement grand avec davantage de griffures que d’écorce — la chaude ombre projetée par les branches ne diminuait pas le caractère frappant de la statue, mais accentuait plutôt ses tendres détails.

La statue représentait Schrödinger, le fondateur de Whiskerton, avec son visage lumineux plissé par la réflexion, comme s’il méditait sur des questions d’une grande importance. Sa veste s’étirait légèrement autour de son ventre, trahissant un faible pour les biscuits au thon accompagnés de crème.

Malgré son addiction aux biscuits au thon, Schrödinger avait été un pionnier enthousiaste, enclin à errer dans l’espoir de découvrir quelque chose de magnifique. Et il découvrit effectivement quelque chose de magnifique ! Une terre qui était… particulière, pour le moins dire. Très différente de tout ce qu’il avait vu auparavant.

L’herbe n’était pas seulement verte, mais aussi violette et bleue. De plus, les collines, les arbres et les étangs avaient tendance à se déplacer de temps en temps, comme s’ils n’arrivaient pas réellement à choisir leurs endroits préférés. Mais le meilleur dans cette contrée ? Il y avait des jouets. Beaucoup, beaucoup de jouets : des billes, des plumes, des souris en feutrine et bien d’autres, tous aussi merveilleux et étranges que le lieu lui-même, changeant de couleurs, disparaissant périodiquement, bougeant de manières difficiles à prédire.

Une terre extraordinaire; parfaite pour une ville extraordinaire, dit-on que Schrödinger pensait à ce moment alors qu’il machait un biscuit au thon, les yeux admirant ce curieux lieu.

Pour établir cette nouvelle ville extraordinaire, Schrödinger attirait les habitants potentiels avec de grands spectacles mettant en scène les jouets indigènes de ces terres. Des centaines d’animaux de toutes formes, tailles et ornementations se présentèrent pour assister au spectacle. Ils dressèrent des tentes, se lièrent d’amitié autour de feux de camp, poussèrent des “oh” et des “ah” d’émerveillement devant les pitreries, et appréciaient (pour la plupart) de se réveiller le matin pour découvrir que leurs tentes avaient mystérieusement déménagé à un autre endroit du campement pendant la nuit.

Les animaux étaient complètement divertis, mais seuls les chats exprimèrent leur intérêt à s’installer de façon permanente dans ces nouvelles terres scintillantes, créatures curieuses qu’ils étaient. Au final, les non-félins préféraient largement vivre dans un endroit où ils pouvaient clairement voir où et comment bougeaient les jouets qu’ils aimaient lancer, mercibeaucouppourtout.

Et ainsi, le quatorze avril de cette année-là, Whiskerton fut non seulement proclamée ville, mais également déclarée patrie pour tous les chats du monde.




Chapitre 1 Partie 2 - Commentaire - Introduction à l’Informatique Quantique

Chapitre 2 - Histoire - La Fête de Schrödinger